Joseph de Gori

A une heure de route de la capitale géorgienne, nous avons rendez-vous à Gori avec Besarionis dze Jughashvili, l'enfant du pays, mieux connu sous le nom de Joseph Vissarionovich Staline. Staline est né à Gori en 1878 et, malgré toutes les exactions perpétrées sous son règne, il est encore l'objet, pour certains, d'un véritable culte.

Gori est probablement l'un des derniers endroits au monde où l'on peut trouver une statue de Staline dans un espace publique ainsi qu'un musée à sa gloire, situé sur l'avenue qui porte son nom. La neige qui tombe renforce le sentiment d'un retour au temps des soviets.

On accède au musée par une longue allée couverte d'arches. Le bâtiment date des années 50 et se veut impressionnant. La visite, guidée, se fait au pas de course. Notre guide récite son texte d'un ton monocorde et monotone. Elle liste sans perspective les grands accomplissements de Staline et il est difficile d'imaginer qu'elle puisse croire à ce qu'elle nous raconte. L'ambiance est pesante.

Des portraits de Staline, à tout âge et en toutes circonstances, défilent devant nos yeux, salle après salle, ainsi que de nombreux présents, pas toujours du meilleur goût, qui ont été offerts au "génial père des peuples". Cela me rappelle la description que Guy Deliste fait du Palais des Amitiés dans sa Bd "Pyongyang".

Vers la fin de la visite, une salle présente une scénographie toute particulière à base de lumière tamisée, de formes rondes et de piliers en bois. Le masque mortuaire de Staline trône au milieu de la pièce. On ne peut s'empêcher de ressentir l'ironie de la mise en scène très religieuse des lieux pour un homme qui, bien qu'ayant reçu une formation à la prêtrise, est devenu le plus fervent partisan des persécutions religieuses et est resté un athée convaincu jusqu'à sa mort.

La maison d'enfance de Staline se dresse dans le parc jouxtant le musée. La petite maison de briques est conservée précieusement au sein d'une sorte de temple de style gréco-romain. Cela résume singulièrement la trajectoire de Staline: simple mortel de modeste condition, il s'est transformé, une fois au pouvoir, en un personnage infaillible, irascible et vengeur.

En face du musée, une pub (si symbolique qu'elle en devient cliché) crie à l'oreille des passants la victoire du capitalisme et rappelle à tous qu'en fin de compte Staline a perdu la bataille, honni de tous, sauf peut-être des habitants de Gori.

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